Surdité

La surdité se traduit par une diminution plus ou moins importante des capacités auditives. Deux types de surdité sont décrits : 

  • la surdité de transmission qui est la conséquence d’une atteinte de l’oreille externe ou de l’oreille moyenne (tympan et osselets).
  • la surdité de perception qui traduit l’atteinte de l’oreille interne où se fait le codage électrique de la vibration sonore.

 

 

 

 

 

L’interrogatoire doit préciser:

  • l’ancienneté de la surdité
  • ses conditions d’apparition (progressive ou brutale) et son évolution 
  • son caractère uni ou bilatéral
  • la présence de signes associés (otalgie, otorrhée, otorragie, acouphènes, vertiges, paralysie faciale)
  • son retentissement social et professionnel
  • les antécédents personnels notamment ORL et familiaux ainsi que l’activité professionnelle du patient
 

Le bilan fait appel à :

  •  un examen otoscopique permettant de dépister une cause de l’oreille externe et/ou de l’oreille moyenne
  •  l’acoumétrie au diapason permettant d’obtenir une orientation sur le type de surdité
  • l’audiométrie tonale, liminaire et vocale qui est réalisée en cabine insonorisée. Cet examen mesure les seuils d’audition en conduction aérienne sur les fréquences de 125 Hz à 8000 Hz en conduction aérienne (casque sur les oreilles permettant de déterminer une origine au niveau de l’oreille externe ou de l’oreille moyenne) sur les fréquences 125 Hz à 8000 Hz, et en conduction osseuse (vibrateur placé sur la mastoïde) sur les fréquences 250 Hz à 8000 permettant de déterminer une origine perceptionnelle. Dans certains cas, le médecin procède à un assourdissement de l’oreille controlatérale afin  d’éliminer les courbes fantômes.
 

3 types de surdités peuvent être identifiées :

  • surdité de transmission par abaissement des seuils auditifs en conduction aérienne, la conduction osseuse étant conservée

 

  • surdité de perception par chute des seuils auditifs en conduction aérienne et conduction osseuse de façon identique

 

  • surdité mixte associant une surdité de transmission et une surdité de perception (seuil en conduction aérienne plus bas que les seuils en conduction osseuse)

 

 

L’audiométrie tonale liminaire est complétée par l’audiométrie vocale qui consiste à faire écouter au patient des listes de mots à différentes intensités que le patient doit répéter. L’audiométrie vocale permet de déterminer un seuil d’intelligibilité (seuil auditif nécessaire pour que 50 % des mots soient correctement compris).

Les résultats de l’audiométrie vocale seront alors comparés aux résultats de l’audiométrie tonale.

 

L’examen est complété par une impédancemétrie qui comprend une tympanométrie permettant d’étudier l’élasticité du système tympan/osselets et la perméabilité de la trompe d’Eustache, ainsi que l’étude des réflexes stapédiens.

 

En fonction de l’orientation clinique et audiométrique, d’autres explorations seront demandées (scanner des rochers, IRM cérébrale et de l’angle ponto-cérébelleux).

 

 

Etiologies des surdités de transmission

 

 Tympan normal 

  • pathologie du conduit auditif externe (bouchons de cérumen, exostoses, otites externes, corps étrangers)
  • otospongiose
  • rupture traumatique de la chaîne des osselets 
  • malformation des osselets

 

   

 Tympan anormal 
  • otite séreuse
  • otite séromuqueuse        
  • otite moyenne aiguë
  • perforation tympanique simple
  • tympanosclérose
  • otite fibroinflammatoire
  • otite atélectasique
  • poche de rétraction tympanique   
  • choléstéatome
  • barotraumatisme
 

Etiologies des surdités de perception

 Unilatérale

  • surdité brusque
  • post-traumatique
  • fluctuante (maladie de Ménière)
  • neurinome de l'acoustique
  • congénitale

 Bilatérale

  • presbyacousie
  • toxique
  • congénitale

 

La presbyacousie. La surdité liée à l'âge.


La presbyacousie est une baisse auditive progressive, bilatérale et symétrique liée à l'âge.  

Elle s'observe habituellement après l'âge de 50 ans mais parfois plus tôt dans certaines formes familiales. Elle serait secondaire à la perte progressive des cellules ciliées externes de la cochlée. Outre l'âge et la génétique, d'autres facteurs sont mis en cause (les antécédents de traumatismes sonores répétés et réguliers, l'hypertension artérielle, le diabète, le tabac, l'artériosclérose).  

La presbyacousie affecte initialement les fréquences aiguës (entre 4000 et 8000 Hz). Le patient se plaint alors de difficultés à suivre une conversation en milieu bruyant (réunion professionnelle, repas de famille), les fréquences aiguës permettant la discrimination des mots et leur compréhension. L'atteinte des fréquences conversationnelles autour de 1000 Hz explique l'aggravation de la surdité y compris en milieu calme. Parfois des acouphènes sont associés. Cette surdité aboutit progressivement à l'isolement du patient, à son repli sur soi, ne pouvant participer à aucune conversation. Parfois le patient doit faire face à l'agressivité de son entourage lorsqu'il demande de répéter certains mots ou qu'il nécessite de monter progressivement le son de son téléviseur.

Son dépistage impose une audiométrie, seul examen objectif. Il est réalisé après un examen otoscopique sous microscope ou sous otoendoscopie.

L'audiométrie tonale explore la faculté du patient à entendre des bips (bruits blancs) dans des fréquences graves à aiguës en conduction aérienne et osseuse, la première reflétant la transmission de la vibration sonore du pavillon de l'oreille à l'oreille interne, la seconde, la perception électrique du son de l'oreille interne au cerveau. En cas de presbyacousie, les courbes osseuses obtenues sont le plus souvent descendantes sur les fréquences aiguës symétriquement.

L'audiométrie vocale évalue la capacité du patient à comprendre les mots et permet d'apprécier sa gêne sociale. Les courbes d'audiométrie tonale et vocale doivent être concordantes. En cas de courbe vocale altérée par rapport à la courbe tonale, le diagnostic de neurinome du nerf acoustique doit être évoqué et conduire à la réalisation d'une IRM cérébrale et de l'angle pontocérébelleux  avec injection de gadolinium.

Aucun traitement médical vasodilatateur et oxygénateur cérébral n'a fait la preuve de son efficacité.

L'appareillage auditif doit être conseillé au patient dès lors qu'il ressent une gêne sociale. Mis en place le plus tôt possible, ce soutien auditif  en sera mieux supporté. Outre la pression de son entourage, c'est le patient qui doit être demandeur d'un soutien auditif. Sa prescription est faite par un ORL et le choix de la prothèse, sa mise en place et ses réglages par un audioprothésiste. Chez le sujet âgé, un bilan cognitif préalable peut être discuté.

L'appareillage est réalisé en voie aérienne. Les contours d'oreille offrent les meilleures performances. Idéalement il doit être bilatéral afin de restituer une localisation spatiale. Mais les problèmes de coût imposent parfois un appareillage unilatéral qui sera appliqué à la meilleure oreille. L'adaptation demande plusieurs mois pendant lesquels le patient doit absolument porter sa prothèse le plus longtemps possible dans la journée.

Les prothèses implantables peuvent être discutées selon le terrain du patient et devant des conditions anatomiques locales défavorables, mais se heurtent à des coûts élevés. 

La presbyacousie évolue vers l'aggravation progressive à une vitesse variable et imprévisible. En cas d'aggravation unilatérale ou rapide, un bilan d'imagerie cérébrale et de l'angle pontocerebelleux devra être discuté. Dépister une presbyacousie peut contribuer à sortir le patient de son isolement. L'examen audiométrique objectif l'aidera à mieux comprendre sa gêne et à accepter le recours à un soutien auditif par appareillage.

(article extrait de la revue médicale Médivox, 2009, Dr Stéphane AYACHE, ORPAC Grasse). En lire plus ...

 

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Dernière mise à jour : 19.04.2012