Pathologies

Les pathologies aiguës

L’otite externe aiguë 

Il s’agit d’une pathologie inflammatoire ou infectieuse du conduit auditif externe. Elle est classiquement appelée otite des piscines. Elle se traduit par des otalgies associées à un œdème du conduit auditif donnant la sensation « d’oreille bouchée » et parfois un écoulement.

Son traitement repose sur des soins locaux, parfois une antibiothérapie générale en fonction de l’importance de l’atteinte et des antécédents du patient.

 

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L’otite externe maligne est une pathologie plus grave pouvant engager le pronostic vital du patient. Elle survient sur un terrain prédisposant (patient diabétique, âgé, déficit immunitaire). Elle est secondaire à une infection par un germe particulier, le plus souvent pseudomonas aeruginosa. L’infection diffuse aux structures osseuses de l’oreille puis à la base du crâne. Elle se manifeste par des douleurs associées à un écoulement purulent verdâtre, parfois des signes neurologiques locaux.

Le bilan demandé en urgence fait appel à la biologie avec prélèvement local visant à identifier le germe en cause et adapter l’antibiothérapie et à l’imagerie par un scanner des rochers, une IRM cérébrale et une scintigraphie au technétium et gallium.

Son traitement et urgent et repose sur l’association d’antibiotiques intraveineux et aux soins locaux.

La myringite aiguë 

Elle traduit une inflammation isolée du tympan d’origine le plus souvent virale. L’examen otoscopique identifie des bulles à la surface du tympan dont la mise à plat calme la douleur. Une antibiothérapie locale et générale est parfois associée à une corticothérapie.

L’otite moyenne aiguë 

Elle se révèle le plus souvent chez l’enfant par des douleurs fébriles parfois associées à un écoulement purulent. Chez le plus petit, elle doit être suspectée en cas de fièvre, de troubles digestifs ou du comportement.

L’examen otoscopique confirme l’infection à des stades différents (otite congestive, collectée, perforée).  

Le traitement repose sur l’antibiothérapie en fonction de l’âge de l’enfant secondairement adaptée au germe après paracentèse en l’absence d’amélioration.

Les complications otologiques et intra-crâniennes sont aujourd’hui devenues rares.

 

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Les pathologies chroniques 

L'otite séromuqueuse

Il s’agit d’une pathologie fréquente particulièrement chez l’enfant. Elle traduit la présence d’un épanchement (fluide ou visqueux) derrière le tympan. Cet épanchement est classique et temporaire après une otite moyenne aiguë. Le diagnostic d’otite séromuqueuse est posé si cet épanchement persiste plus de 3 mois.

Il existe différents facteurs favorisants : l’hypertrophie des végétations adénoïdes qui constituent un foyer infectieux de voisinage, le tabagisme passif, la carence en fer, la vie au contact d’autres enfants et certaines pathologies ciliaires

 

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Cette pathologie est suspectée devant une baisse de l’audition, parfois des troubles du langage, des otalgies, une sensation d’oreille « pleine » ou à l’occasion d’un examen systématique. 

L’examen otoscopique fait le diagnostic. Un examen audiométrique et impédancemétrique est indispensable afin de quantifier la perte auditive qui guide la prise en charge thérapeutique.

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Le traitement fait appel à l’antibiocorticothérapie et à la correction des facteurs favorisants.

En fonction de la perte auditive et de l’aspect du tympan, des aérateurs trans-tympaniques peuvent être mis en place dans l’objectif de créer une aération de l’oreille moyenne et de rétablir l’audition et/ou de corriger une rétraction du tympan. Ils sont posés sous une courte anesthésie générale en ambulatoire. Les aérateurs dénommés communément « yoyos » ou « diabolos » sont posés en première intention et chutent spontanément 6 mois à 1 an après leur pose. Les aérateurs dénommés T-Tube sont posés en cas d’échec des premiers et doivent être retirés au bout de 2 ans.

Les perforations tympaniques 

Elles traduisent l’ouverture du tympan faisant communiquer le conduit auditif externe et la caisse du tympan. Elles peuvent être traumatiques ou secondaires à une otite chronique.

Elles sont découvertes à l’occasion d’un écoulement chronique de l’oreille, d’une baisse de l’audition ou de façon fortuite.

L’examen otoscopique fait le diagnostic et définit les caractères de la perforation (site, caractère central ou marginal, taille, état de la muqueuse de la caisse du tympan, état de la peau du conduit en regard, écoulement ou caractère sec, état du reste du tympan, osselets, aspect du conduit auditif externe) et l’aspect du tympan de l’oreille controlatérale.

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Le bilan est complété par un examen audiométrique et impédancemétrique ainsi qu’un scanner des rochers dans certaines indications.

Le traitement est chirurgical. Il consiste en la fermeture du tympan (tympanoplastie). A l'ORPAC, toutes ces interventions sont menées sous otoendoscopie, par le conduit auditif externe, sans ouverture externe de l'oreille. Le principe consiste en un renforcement cartilagineux pris au dépend du pavillon de l'oreille, parfois en des greffes (par l’enveloppe du muscle temporal ou d’un cartilage). En fonction des conditions anatomiques, une ouverture de l'oreille peut s'imposer. Dans certains cas, une ossiculoplastie peut être associée.

Les poches de rétraction tympanique 

Elles se définissent comme une rétraction du tympan liée à la dépression dans la caisse du tympan responsable de son aspiration, associée à une fragilisation par destruction de la couche fibreuse du tympan.

Elles peuvent se révéler par un écoulement d’oreille (otorrhée) spontanée ou à l’occasion d’un bain, par une surdité de transmission, parfois par des acouphènes (bruit anormal dans l’oreille). Souvent leur découverte se fait de façon fortuite au cours d’un examen otoscopique systématique.

 

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Le bilan s'attache à :

  • analyser la poche de rétraction : localisation, situation centrale ou au bord du conduit auditif externe (caractère marginal), taille, visibilité totale ou partielle (caractère contrôlable), fixité à la chaîne des osselets, présence d’un écoulement (caractère autonettoyant), présence d’épiderme dans la poche ou au contact de la poche dans le conduit auditif externe, état de la chaîne ossiculaire (destruction). 

 

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Tous ces critères permettent d’établir une classification de la poche de rétraction qui permet d’établir leur gravité et de définir leur indication chirurgicale.

  • réaliser un examen audio-impédancemétrique 
  • selon les indications, demander un scanner des rochers sans injection de produit de contraste

La prise en charge thérapeutique est fonction des critères de gravité : 

  • Abstention chirurgicale et surveillance otoscopique et audiométrique régulière
  • Mise en place d’un aérateur trans-tympanique
  • Traitement chirurgical. A l'ORPAC, toutes ces interventions sont menées sous otoendoscopie, par le conduit auditif externe, sans ouverture externe de l'oreille. Le principe consiste en l'ablation de la poche de rétraction puis un renforcement cartilagineux pris au dépend du pavillon de l'oreille, parfois associé à des greffes (par l’enveloppe du muscle temporal ou d’un cartilage) . En fonction des conditions anatomiques, une ouverture de l'oreille peut s'imposer. Dans certains cas, une ossiculoplastie peut être associée. A ce  stade, la prise en charge chirurgicale est proche de celle d’un cholestéatome.


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L’otite atélectasique

Il s’agit d’une rétraction du tympan étendue à sa quasi-totalité. Le   tympan est accolé au fond de la caisse du tympan.

Elle peut se révéler par la présence d’un écoulement d’oreille (otorrhée spontanée ou après la baignade), par une baisse de l’audition, par des acouphènes (bruit anormal dans l’oreille). Parfois la découverte se fait de façon fortuite au cours d’un examen systématique.


 

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L’examen par otoscopie est mené sous microscope optique et sous otovidéoendoscopie.Il identifie un tympan fin, totalement moulé sur les structures osseuses du fond de l’oreille, simulant une vaste perforation du tympan, parfois associé à une destruction des osselets. Le tympan ainsi accolé n’est plus décollable.

Le bilan nécessite :

  • un bilan audiométrique
  • un scanner des rochers sans injection de produit de contraste selon les indications permettant de faire le point sur les structures osseuses de l’oreille

La prise en charge thérapeutique nécessite le plus souvent une surveillance régulière. Un traitement chirurgical est indiqué en fonction de l’évolution (otorrhée, cholestéatome). A l'ORPAC, toutes ces interventions sont menées sous otoendoscopie, par le conduit auditif externe, sans ouverture externe de l'oreille. Le principe consiste en l'ablation de la poche de rétraction puis un renforcement cartilagineux pris au dépend du pavillon de l'oreille, parfois associé à des greffes (par l’enveloppe du muscle temporal ou d’un cartilage). En fonction des conditions anatomiques, une ouverture de l'oreille peut s'imposer. Dans certains cas, une ossiculoplastie peut être associée. A ce  stade, la prise en charge chirurgicale est proche de celle d’un cholestéatome.

L’otite fibro-inflammatoire  

Elle se traduit par un comblement de la caisse du tympan par un tapis muqueux faisant disparaître toute cavité aérienne dans l’oreille. Elle se traduit habituellement par une baisse de l’acuité auditive qui motive la consultation. L’examen otoscopique identifie un tympan très épais blanchâtre (tympan porcelaine).

Le tympan est immobile. Cette otite chronique est parfois associée à un cholestéatome. Le bilan fait appel à un examen audiométrique qui met en évidence une surdité de transmission, parfois associée à une surdité de perception.

La prise en charge thérapeutique chirurgicale est indiquée en cas d’association à un cholestéatome. Le traitement en vue d’améliorer l’audition est le plus souvent décevant.

La tympanosclérose

Elle se traduit par l’apparition de tissus calcaires au sein de l’oreille moyenne, occupant le tympan et s’étendant parfois à la chaîne des osselets à l'origine d'une surdité. La myringosclérose atteint exclusivement le tympan et apparaît sous la forme de plaques blanchâtres dans le tympan, très fréquente en cas d’antécédents d’otites moyennes aiguës à répétition ou de mise en place d’un aérateur trans-tympanique.

La tympanosclérose se révèle habituellement par une baisse de l’audition progressive associée à des antécédents de multiples otites moyennes aiguës à répétititon.



 

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Le bilan otoscopique identifie un tympan calcaire parfois associé à une perforation au travers de laquelle des blocs calcaires occupant les osselets peuvent être mis en évidence.

Le bilan audiométrique confirme une surdité de transmission.

La prise en charge thérapeutique est fonction de l’étendue des lésions et de la demande du patient. Le traitement chirurgical pourra consister en la fermeture du tympan et le rétablissement du bon fonctionnement des osselets, la surveillance attentive étant de mise car la récidive est possible.

Le cholestéatome

Qualifiée "d'otite chronique dangereuse", le cholestéatome se définit par la présence de peau dans les cavités de l’oreille moyenne tapissée de muqueuse. Cette peau « au mauvais endroit » va se développer et former une tumeur bénigne dans sa nature, mais très agressive. Cette évolution peut se faire soit sous la forme d’une poche, soit présenter un caractère beaucoup plus extensif et mal limité.

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Le cholestéatome est le plus souvent secondaire à l’évolution d’une otite chronique sur un terrain d’otites à répétition. Dans de rares cas, le cholestéatome peut être congénital. dans ce cas, la migration de peau se fait pendant la grossesse et la maladie est le plus souvent découverte chez l’enfant, parfois au cours d’un examen systématique.

Le cholestéatome peut également être secondaire à un traumatisme de l’oreille par fracture du rocher (os contenant les structures de l’oreille) ou être iatrogène après une intervention chirurgicale de l’oreille.

Cette otite chronique dangereuse présente des risques évolutifs qu’il faut prévenir. Elle peut évoluer vers une destruction des osselets responsable d’une surdité de transmission, de la coque osseuse protégeant le nerf facial et de risques de paralysie faciale, d'une destruction de l’oreille interne à l'origine d'une surdité de perception ou de vertiges,  voire d’extension vers les méninges et le cerveau à l’origine de méningite ou d’abcès.

Le cholestéatome se révèle le plus souvent par une otorrhée (écoulement d’oreille purulent et une baisse de l’audition). Parfois, la découverte peut se faire au stade de complications.

Le diagnostic est porté par l’examen du tympan au microscope et l'otoendoscopie, permettant d’apprécier l’extension du cholestéatome.

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Le cholestéatome se révèle le plus souvent par une otorrhée (écoulement d’oreille purulent et une baisse de l’audition). Parfois, la découverte peut se faire au stade de complications.

Le diagnostic est porté par l’examen du tympan au microscope et l'otoendoscopie, permettant d’apprécier l’extension du cholestéatome.

Le traitement est chirurgical par tympanoplastie. Il est le plus souvent réalisé après traitement local par gouttes auriculaires afin de réduire l’écoulement d’oreille.

Le traitement chirurgical a pour objectif de réaliser l’ablation de la totalité de l’épiderme dans l’ensemble des cavités de l’oreille. Il peut nécessiter un fraisage de l’os de l’oreille. L'otoendoscopie dans notre pratique y trouve un intérêt fondamental. A l'ORPAC, toutes ces interventions sont menées sous otoendoscopie, par le conduit auditif externe, sans ouverture externe de l'oreille. Le principe consiste en l'ablation du cholestétatome, la reconstruction cartilagineuse du conduit auditif externe, puis un renforcement cartilagineux pris au dépend du pavillon de l'oreille, parfois associé à des greffes (par l’enveloppe du muscle temporal ou d’un cartilage). En fonction de l'extension de la maladie constatée pendant l'intervention, une ouverture dans le sillon située derrière l'oreille peut s'imposer afin de retirer la maladie en passant dans les structures osseuses postérieures.

Le rétablissement du bon fonctionnement des osselets par ossiculoplastie peut être réalisée dans le même temps.

Dans certains cas, un second temps opératoire à 12 - 18 mois plus tard est d’emblée décidé en fonction de l’extension du cholestéatome. Ce dernier présente effectivement un risque important de réapparition.

La surveillance est réalisée par examen otoscopique, scanner et dans certains cas IRM. La gravité de la maladie nécessite une surveillance à vie.

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L’otospongiose

L’otospongiose est une maladie de l’oreille responsable du blocage de la platine de l’étrier à l’interface entre l’oreille moyenne et l’oreille interne responsable de la transmission des vibrations sonores vers les liquides de l’oreille interne. Ce blocage est à l'origine d'une surdité, motif leplus fréquent de consultation pour cette pathologie.

Cette maladie est plutôt observée chez la femme jeune, mais des cas peuvent apparaître dans l’adolescence. Plusieurs cas sont habituellement retrouvés dans la même famille car il s’agit d’une maladie héréditaire. Des poussées sont observées notamment lors des grossesses. Elles se révèlent le plus souvent par une surdité unilatérale puis bilatérale d’évolution progressive parfois associée à des acouphènes (perception d’un bruit anormal dans l’oreille), parfois à des vertiges.

L’examen du tympan par otoscopie est normal. L’audiométrie confirme la présence d’une surdité de transmission. Cette surdité évolue vers l’aggravation. En impédancemétrie, le réflexe stapédien est aboli. Dans l’évolution, peut apparaître une surdité de perception par atteinte de l’oreille interne. Parfois, la surdité de perception est prédominante (otospongiose cochléaire). D’autres épreuves instrumentales cliniques (acoumétrie au diapason) peuvent aider au diagnostic.

L’imagerie par scanner des rochers est demandée afin d’éliminer les diagnostics différentiels (principalement l’ankylose de la tête du marteau). Elle permettra aussi de rechercher des foyers cochléaires. Il faut noter que le scanner peut être strictement normal malgré la présence d’une otospongiose. Dans les autres cas, il identifie une hypodensité au niveau de la platine de l’étrier.


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La prise en charge thérapeutique est chirurgicale. L’exploration permet de confirmer le diagnostic d’otospongiose en identifiant l’origine du blocage au niveau de l’étrier. Dans ce cas, on procède à l’ablation de l’étrier (stapédectomie). Un piston est mis en place au travers de la platine de l’étrier (stapédotomie). Il s’agit d’un petit piston de 0,4 ou 0,6 mm de diamètre. Parfois, on procède à l’ablation partielle ou totale de la platine (platinectomie).


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Les suites opératoires sont le plus souvent simples. L'amélioration des acouphènes ne peut être déterminée à l'avance. Parfois peuvent exister quelques instabilités postopératoires. Les voyages en TGV et avion sont proscrits pendant 3 mois. La pratique de la plongée sous marine est définitivement interdite.

L’alternative au traitement chirurgical est l’appareillage auditif.

Dans tous les cas, la surveillance otoscopique et audiométrique ultérieure est la règle afin de dépister l’évolution vers une surdité de perception par atteinte de l’oreille interne.